jeudi 6 décembre 2012

SEANCE : VISITE AU MUSEE DU LOUVRE




Pour cette troisième séance de travail, c’est au Musée du Louvre que nous nous retrouvons. Nous venons suivre une conférence d’une heure et demie sur le thème de la Nature Morte. Guidés par la conférencière, nous sommes confrontés aux plus belles Natures Mortes que recèle le Louvre. Les découvrir, les admirer, les contempler…
 
Très souvent, on me demande pourquoi j’amène les jeunes participants de mes ateliers d’écriture visiter des musées. Et je réponds toujours en citant Gérard Wajcman qui écrit dans L’œil absolu : « Ordinateur, appareil photo, téléphone portable, caméscope, etc., notre regard est entre nos mains, hors de nous. Les objets de la technologie nous ont arraché les yeux. Ils ont mis nos yeux dehors. Nos paupières se ferment sur des trous. Nous ne voyons plus rien. La puissance de la science nous a dépossédés de notre puissance de regard. Vous pouvez dormir, la science et la technique voient pour vous. A l’âge hypermoderne, nous sommes regardés, on est vu, on voit pour nous. Autant dire que l’art du regard se perd. On ne sait plus voir. On n’y voit rien. On a les yeux fermés. Mais on peut aussi vouloir les ouvrir. Ce qu’on y gagne ? Un peu d’intelligence, et, par là, la possibilité de nous orienter un peu mieux dans ce monde, c'est-à-dire d’être un peu moins les jouets de ce monde. Ce qu’on y gagne, finalement, c’est un peu de liberté. »
 
Lors de cette visite, le moment le plus fort pour moi est la rencontre avec les élèves sous l’énorme Pyramide crée par l’architecte Pei. Je leur donne toujours rendez-vous à cet endroit et ce choix n’est pas anodin : c’est pour pouvoir leur montrer cet espace immense et les laisser quelques minutes s’extasier devant cet extraordinaire chef-d’œuvre d’architecture. Pendant que je les observe, les yeux levés vers l’énorme pyramide en verre, je ne peux m’empêcher de leur expliquer que l’idée d’accéder à un musée par une pyramide – imposant tombeau pharaonique – est assez symbolique : un peu comme si on accédait à une vie d’outre-tombe, à un au-delà qui défie les lois du temps. Dans cet espace, toutes ces œuvres d’art qui sont là ont pu résister au passage du temps, et finalement à la mort… « C’est pour cela que j’aime venir avec vous visiter des musées, vous comprenez ? C’est une manière de vous montrer que toute œuvre d’art est un acte de résistance. »
 












LES PROFS SE METTENT A ECRIRE…
 
Cette fois-ci, c’est aux profs de se mettre à écrire : à la sortie de la visite, je leur demande de m’apporter un texte qui parle de leur premier souvenir du Louvre… A cette demande, je les vois tous les quatre devenir à leur tour des adolescents : ils commencent par me poser plein de questions trahissant une certaine anxiété… Tout les quatre sont un peu déboussolés. Ils font exactement le même geste : ils ouvrent grand les yeux en me disant : « Dis-donc, il va falloir que j’aille chercher loin alors… » Et c’est précisément cela que je veux : qu’ils voyagent jusqu’à à leur « première fois », car ce voyage en arrière fait aussi partie de l’écriture…
 

MA PREMIERE RENCONTRE AVEC LE LOUVRE
 


Par Julie Verleure

Emerveillée, perdue, enivrée, affolée… Et je pourrais en faire une liste beaucoup plus longue ! Cette première rencontre me faisait tanguer entre la joie face au merveilleux et la peur de cet endroit si grand.
 
Mon professeur nous parlait de cet endroit depuis si longtemps, enfin je pouvais mettre une image sur ce lieu. Je ne me souviens plus de ce que l’on devait voir en particulier mais j’ai su quand je suis rentrée à l’intérieur qu’il faudrait que je revienne.
 
Je me suis laissé entraîner dans ce tourbillon d’escaliers, de couloirs qui menaient vers d’autres merveilles. Je n’ai pas su me repérer, je ne sais toujours pas me repérer et je ne veux absolument pas savoir me repérer dans cet endroit, je crois que ça lui ôterait une part de mystère !
 
Cette première rencontre avec ce temple de la culture n’est plus qu’un souvenir flou dans ma mémoire mais l’impression qu’elle m’a faite est restée bien ancrée.
 
 
 
PALAIS





Par David Corre


J’ai eu beau me triturer l’esprit, tordre ma mémoire, je ne suis pas parvenu à me rappeler ma première visite au Louvre. Le premier souvenir que j’en ai gardé se situe pendant ma 6ème, autour de mes 10 ans. Il est hautement probable que je m’y fusse rendu avant, mais je n’en ai conservé aucun souvenir. Et sans interroger mes parents, je n’en saurai pas plus.
 
Mon premier souvenir du Louvre reste très particulier, et est lié à l’ami avec lequel je m’y étais rendu. Xavier avait été mon grand copain de primaire, mais nous n’étions pas dans le même collège, par quelque subtilité incompréhensible de la carte scolaire. Ce mercredi après-midi là, ses parents avaient décidé de nous réunir pour nous emmener visiter le plus célèbre musée de France. Grande idée de leur part ! Nous, nous aurions sans doute préféré être abandonnés au pied de l’immeuble pour y jouer, ou tout à fait oubliés dans la chambre jusqu’au soir avec nos figurines Star Wars. Au lieu de cela, on nous emmena, avec nos jeunes têtes truffées de jeu et de manque, dans les couloirs silencieux d’un musée !
 
Pour être tout à fait honnête, je ne me souviens pas très bien de ce que j’y ai vu ; je me souviens assez nettement des lieux, mais je crains de ne pas avoir été très réceptif aux œuvres qui ont dû défiler devant mes yeux. C’est bien simple, je n’ai aucune image en mémoire des œuvres rencontrées. La Joconde ? La Victoire de Samothrace ? Monumentaux tableaux de David ou Ingres ? Peut-être les lions ailés mésopotamiens qui m’émeuvent aujourd’hui tant, et qui ont fasciné mon petit garçon ? Nulle idée. Nulle image.
 
En revanche, une chose est sûre : je n’y suis pas entré par la pyramide de verre. Je me rappelle bien les couloirs hauts, ces colonnes de pierre, le sol et son dallage… De la pierre et du marbre… J’ai beau fouillé ma mémoire, je ne me souviens pas de notre entrée : je nous y vois, curieusement, en plongée, du haut d’escaliers, Xavier et moi, comme par les yeux de sa mère, ou d’un gardien réprobateur. Réprobateur, oui, sans doute, car Xavier et moi n’étions pas des visiteurs modèles ; excités comme nous l’étions, de nos retrouvailles et de notre jeunesse, nous étions tour à tour des chevaliers, des policiers, des espions, selon le décor et l’inspiration. De l’inspiration, ça oui, sûrement ! Les œuvres nous ont sans doute inspiré bien des jeux, bien des personnages. Mais je sais qu’à l’époque, plus que ces portraits majestueux ou ces scènes de bataille, ce sont les lieux et leur majesté qui nous ont le plus frappés. La majesté des lieux, le poids de toute cette histoire. Nous étions au Louvre, et pas tant dans un musée. L’ancien palais des rois l’emporta, ce jour-là, sur le musée de la république.
 
Et aujourd’hui encore, ce sentiment ne m’a pas réellement quitté : chaque fois que j’y retourne, avant d’entrer dans la pyramide de verre, les bâtiments du Louvre, les colonnades, et le carrousel, là-bas, au bout de l’esplanade, et la silhouette des tours de La Défense, familier terrain de jeu de ma jeunesse, tout cet entourage monumental me retient toujours un peu, avant la plongée vers les œuvres. Si aujourd’hui, ce sont les peintures et les sculptures qui m’attirent et me fascinent réellement, je n’ai toujours pas réussi à me départir totalement des lieux. Le monument est toujours là, je n’en suis toujours pas blasé.
 
Pour moi, le Louvre demeure un incomparable écrin – écrin de pierre et de marbre où se logent tant de bijoux, écrin d’histoire enfermant d’innombrables perles. Les couloirs ne sont pas que des galeries où s’exposent les chefs-d’œuvre de l’humanité, ils sont les couloirs où des générations d’hommes ont vécu, et se sont déplacé. Chaque fenêtre m’arrête ; qui s’y est penché ? Qu’y a-t-il vu ou cherché ?
 
À chaque visite, ainsi, je suis partagé entre les œuvres exposées, et les murs du musée. Inutile de préciser que je ne ressens pas du tout les mêmes choses dans les nouvelles galeries, ou dans les couloirs modernes. Ni sous la pyramide, bien entendu : pas plus fascinante pour moi qu’un hall d’aéroport ou de cinéma. On y est excité, certes, par l’attente de ce que l’on va trouver après, mais pas par ce que l’on a sous les yeux. Le moindre petit couloir obscur, là-haut, en revanche…
 
À chaque visite, de même, je ne peux m’empêcher de sonder du regard les groupes de touristes, si nombreux, si voyants, si exotiques parfois, qui semblent, eux aussi, comme moi, fascinés tout autant par les lieux que par les œuvres, par le coffret que par les bijoux qu’il contient. Et dire qu’à cet endroit, au milieu des œuvres d’art, l’humanité se croise. Le Louvre est un de ces rares grands carrefours de l’humanité mondialisée : groupes d’anonymes Chinois, humbles et un peu perdus, Américains en shorts, le nez en l’air, l’air conquérant, Pakistanaises ou Saoudiennes avec leurs foulards chamarrés. Ils sont des petits bouts du monde qui se détachent et viennent à moi. Eux non plus, j’en suis sûr, ils ne viennent pas contempler que des œuvres d’art ; c’est un pan de l’histoire de France qu’ils viennent visiter. Pour eux aussi, j’en suis persuadé, le Louvre n’est pas qu’un musée, il est toujours un palais.
 
 

LE NEZ DU SPHINX





Par Philippe Nowack

Comment ?, le nez du Sphinx a été casé !
Sacré Obélix, lui si fort, n’a pu s’empêcher d’admirer la vue de ce si grand pays, l’Égypte.
 
Dis-moi mamie, pourquoi les Égyptiens marchent ils de travers avec un bras devant et l’autre derrière ?...
Pourquoi les Égyptiens sont-ils à moitié homme, à moitié animaux ?...
Pourquoi dorment-ils dans des lits en forme de boite avec leur visage peint dessus ?...
 
Tu sais mon grand, un jour tu iras certainement en Égypte, mais avant je vais t’accompagner dans un endroit magique qui répondra à certaines de tes questions. Nous allons au Louvre, le plus grand musée de France.
 
Je devais avoir neuf ou dis ans et ce fut la première fois que je découvrais le Louvre et en particulier les salles où était exposée une partie de la civilisation Égyptienne.
 
Je n’ai,  je crois, posé aucune question, seulement admiré avec un peu d’inquiétude toutes ces sculptures, ces momies, ces bijoux, ces écrits ou plutôt ces dessins.
 
En repartant, les yeux et la tête remplis de rêves et d’imagination, la seule question restée sans réponse : est-ce qu’Obélix a reconstruit le nez du Sphinx ?
 
 

LABYRINTHE DE LA MEMOIRE




Par Florence Rollot
 
Raconter ma première rencontre avec le Louvre...
 
Voilà une bien étrange idée Sergio ! Une idée qui a fait rejaillir bien malgré moi des souvenirs lointains, enfouis dans un coin de ma mémoire... D'abord, le trou noir... Rien... L'angoisse du vide, de l'oubli... C'est étonnant tout de même... Comment ai-je pu oublier une rencontre que je ne peux m'empêcher de considérer comme un des moments fondateurs de l'adulte que je suis ? Comment ai-je pu oublier que je dois au Louvre mes plus beaux choix d'étudiante ?
 
Et puis d'un coup, sans crier garde, les souvenirs ont refait surface...
 
Ma première visite au Louvre a eu lieu lors d'un voyage scolaire alors que j'avais 18 ans et que j'étudiais au lycée Masséna de Nice... Une semaine entière à Paris ! Alors, forcément le Louvre est un peu comme une évidence, un passage obligé...
 
Je me souviens maintenant avec précision d'avoir marché dans ce dédale de couloirs jusqu'à l'épuisement... C'est un plaisir surprenant et unique de se perdre, d'errer dans le Louvre comme dans une ville mystérieuse et inconnue. Le Louvre : une « Ville tentaculaire »... Je me suis sentie happée par les lieux et par toutes ces images, perdant toute notion de temps et d'espace... C'est d'ailleurs une sensation que j'ai grand plaisir à ressentir à chaque fois que je visite un musée que je ne connais pas.
 
Je me souviens surtout du choc que j'ai éprouvé en voyant « pour de vrai » ces œuvres que je connaissais par cœur pour les avoir vu de nombreuses fois dans les manuels scolaires ou les livres d'art... En visitant le Louvre, j'ai découvert que l'art doit être parfois un contact intime entre l'œil et la toile... C'est une révélation, presque une extase mystique que de s'émouvoir devant la brillance de certaines couleurs, une texture, l'immensité des dimensions de certaines œuvres, la perfection du geste de l'artisan, la finesse de la pensée de l'artiste !
 
Découvrir le Louvre, ce n'est pas un plaisir intellectuel comme lors que l'on feuillète un livre d'art... C'est une sensation délicieusement viscérale.

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