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Hans Memling |
Troisième étape de notre voyage : nous abordons
la notion de Portrait. Pour commencer, nous découvrons les Portraits les plus
connus de l’histoire de l’art. Comme nous l’avions fait pour les Natures Mortes
et pour le Paysage, de la peinture à la photographie en passant par des
installations et des films de vidéo-artistes, nous consacrons un bon moment à
essayer de comprendre ce qu’est un Portrait.
Nous ne sommes plus dans le domaine des choses ni
des lieux, mais dans le domaine de l’humain… Portraits individuels ou
collectifs, portraits d’hommes ou de femmes, portraits de métiers ou du
pouvoir, portrait de l’autre ou de soi-même, tous font comprendre que ce
mélange intime d’aspect physique extérieur et de psychisme intérieur, c’est
cela qu’on appelle l’humain…
L’approche a changé : désormais il va s’agir de
tenter de cerner l’autre ; essayer de déchiffrer les traits de son visage,
ses gestes, ses postures, ses humeurs, son corps qui dit ou qui se tait… On entre
là dans le territoire d’hommes et de femmes qui nous regardent les regarder…
Dorénavant, dans l’acte de regarder un portrait, il
s’agira toujours d’identifier ces trois présences : celui qui est peint, celui
qui a peint et celui qui regarde… Trois corps dans un même acte
artistique : le corps du modèle, le corps de l’artiste et notre propre
corps d’observateur contemplatif…
Voici quelques exemples des plus beaux Portraits
que nous avons contemplés. Chacun pu faire progressivement cette découverte étonnante
: en fin de compte, approcher l’autre c’est une manière de se connaître
soi-même…
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Andy Warhol |
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Piero della Francesca |
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Ingres
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Van Der Weyden
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Domenico Ghirlandaio |
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Gustav Klimt |
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Fracis Bacon |
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Jacques-Louis David |
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Durer |
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Léonard de Vinci |
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Arcimboldo |
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Diego Velazquez
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Otto Dix |
SILLAGE
Par David Corre
En cette séance de rentrée, qui a marqué le début
de la troisième partie de notre parcours, mon billet aurait pu être un peu
mélancolique. J’ai lutté contre mon élan. C'est vrai que nous n’avons pas
écrit, cette fois-ci, et ne pas les voir, dos courbé, tête baissée, m’a manqué.
C’est vrai. Mais quoi d’autre ?
En fait, cette séance avait déjà, pour moi, une
petite odeur de fin : nous venons d’attaquer le dernier tiers de notre
périple, et j’ai toujours été du nombre de ceux qui s’inquiètent de la fin
d’une expérience avant son achèvement. D’où ma mélancolie. Notre périple touche
vaguement à sa fin, en effet, mais il est bon de constater le chemin parcouru,
et de réaliser que les rivages que nous atteindrons bientôt sont aussi
luxuriants et verts que nous pouvions l’espérer. Sergio, en bon capitaine, a
donné un cap à notre équipage, a su jouer des vents et des marées, et de mon
poste privilégié, je devine les côtes qui se dessinent.
Pourtant, j’essaie de ne pas m’attrister :
notre voyage touche à sa fin, certes, mais pas le leur. Que feront-ils des
expériences acquises lors de cette traversée ? C’est à eux d’en décider,
bien sûr. Mais une chose est sûre : ils nous quitteront avec un petit bout
de nous, une petite trace de nous en eux. Et réciproquement.
***
Fidèle à son habitude, pour nous faire entrer dans
les spécificités du portrait, plutôt que de longs discours, Sergio a
sélectionné une cinquantaine d’œuvres qu'il nous a projetées. Les élèves ont
ainsi abordé un genre riche, qu’ils croyaient familier, et en ont senti la
variété, la richesse. Le portrait, en effet, est un art exigeant : montrer
l’extérieur pour dire l’intérieur, rendre la ressemblance de l’enveloppe tout
en livrant le cœur. Entreprise de dévoilement et de défloration contenue dans
une imitation. Belle gageure !
Une nouvelle fois, les élèves nous ont bluffés :
toutes les œuvres rencontrées précédemment ont laissé en eux un sillage, un
sentier par où court désormais leur sensibilité. Leurs regards se sont acérés.
En un mot, comme le dit Sergio, leur regard est devenu « sensible ».
Ils cherchent, désormais, le signe caché, le symbole couvert, le sens
sous-jacent. Ils sont devenus chercheurs d’or. Orpailleurs, sans même le
savoir.
Et parmi tous les portraits de cette séance, les
autoportraits de Frida Kahlo m’ont tout particulièrement touché, pour plusieurs
raisons différentes : pour eux-mêmes, d’abord, évidemment, et pour l’effet
qu’ils ont toujours en moi. La réaction des élèves, d’ailleurs, est plus
épidermique que pour toute autre œuvre : réactions plus vives, plus
contrastées, aussi. Et quel silence, quand Sergio résume sa biographie !
Le drame de sa vie, ses souffrances, leur clouent littéralement le bec :
ils respectent le chemin de croix qui a conduit cette femme vers la création,
et lui a fait payer cher chaque don qu’elle lui a octroyé. Sa vie scandaleuse
les éblouit, ses frasques les font sourire : ils découvrent ce qu’est une
artiste, dans le sens moderne du terme. Et la force de ses tableaux, empreints
de naïveté et d’une forme de maladresse, les émeut : Frida a cette force,
naïve, de nous atteindre toujours au cœur, nous surprenant parfois, nous
intriguant souvent, nous séduisant toujours. Nous savons que le sens nous
échappe dans tout ce que nous y percevons d’emblée, comme dans des œuvres
d’enfants.
Et puis, ayant étudié une œuvre de Frida en classe,
nous les voyons heureux du savoir qu’ils ont acquis et de
répéter : « On l’a étudié avec M. Corre ! ». Moment
rare, et doux, pour le professeur qui constate qu’il transmet parfois des
choses qui restent enfouies, qui grandiront sous d’autres cieux, après avoir
beaucoup végété, sans doute, mais qui germeront à la moindre sollicitation.
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Frida Kahlo |